Serait-elle de l’époque de Louis XIV ?
Effarant pour qui connaît le portrait d’Uriage !. Nous avons le type bien connu qu’illustrent les têtes de Louis XIII et de Louis XV, les cheveux, comme on dit, taillés en fenêtre, coupés qu’ils sont régulièrement sur le front qui achèvent par leur retombée d’encadrer le visage.
On sait à ce propos, l’habitude qu’ont eue de tout temps les courtisans de suivre l’exemple proposé par les rois. Quand Charles VII perdit ses cheveux, les Dunois et les La Hire se crurent obligés de se raser la tête pour ne pas humilier leur souverain. (Faut-il rappeler la question capitale de la poudre dans la Chartreuse de Panne et probablement dans certaines petites ou grandes Cours du temps ?). Avec Louis XI, on a repris la mode du XIII em siècle du toupet sur le front : jusqu’en 1320 les cheveux se portaient coupés en rond et la barbe était rasée.
En 1521, François 1″, blessé au visage, raccourcit ses cheveux et laissa pousser sa barbiche. C’était à Romorantin, le jour de la fête des Rois, dit Jean Barbillon, que le roi reçut sur la tête un gros tison de feu dont il fut blessé et en danger de mort. Il mit deux mois à guérir. Il avait voulu faire une farce au seigneur de Saint-Pol et on avait d’abord joué à se jeter des boules de neige, des pommes et des œufs. Ces munitions épuisées, quelqu’un s’avisa de recourir à une arme plus dangereuse pour se défendre des assaillants forçant une porte. Pendant quelques jours les chirurgiens ne purent assurer sa santé mais le prince ne voulut jamais qu’on informât qui était celui qui avait jeté ledit tison, disant qu’il avait fait sa folie et qu’il fallait qu’il en prît sa part.
Revenons au portrait d’Uriage. D’après le costume et le manque de barbe, ce portrait doit avoir été peint avant l’avènement de François 1er qui mit la barbe à la mode, probablement sous Louis XII vers 1510.
Bayard avait alors trente-quatre ans et l’âge du personnage représenté correspond bien à cette supposition. C’est l’époque où Raphaël peignait l’école d’Athènes ; il y a un siècle de distance entre ces deux peintures. Le tableau fut transporté à Paris pour être mis en vente. Un américain en offrit 25 000 F. En Dauphiné, on s’est ému que cette œuvre d’art, depuis quatre cents ans au château d’Uriage, soit en passe de quitter la France et une souscription publique à laquelle de nombreux concours répondirent fut ouverte au Syndicat d’Initiative de Grenoble pour procurer au vendeur la somme nécessaire et permettre à ce qu’on a appelé le joyau du château d’Uriage de ne pas quitter le Dauphiné ‘.